Écriture inclusive : et si on arrêtait (définitivement) de rendre les femmes invisibles ?
Un matin, je me promène dans la rue et déambule devant les vitrines des commerçant·e·s du centre-ville :
– « Vous ne trouvez pas que ce serait un peu triste de voir disparaître la boulangère, la bouchère et la coiffeuse ? »
Plus loin, en passant devant la caserne, je me dis que la pompière, elle, vient à peine d’arriver et on doit déjà la laisser partir…
Neutralité d’expression pour arrêter de dévaloriser le féminin au profit du masculin ? Ou amorce d’un changement radical qui débute par le langage ?
Quelle définition donner à l’écriture inclusive ?
L’écriture inclusive vise à rendre le langage neutre. Un langage où le genre est décliné en fonction du sexe de celui dont on parle. Un langage dans lequel le masculin ne l’emporterait plus sur le féminin lorsqu’il est utilisé au pluriel. Ce serait une nouvelle norme d’écriture non sexiste. Neutralité d’expression = abandon des genres !
Quid des modalités d’application de l’écriture inclusive ?
Les trois grands principes de l’écriture inclusive :
- Accorder les fonctions, métiers, etc. avec le genre de la personne qui l’exerce. Ex. une professeure.
- Cela consisterait aussi à insérer, entre deux points-milieu (ou points-médian), la terminaison du mot au féminin. Ex. un plombier, une plombière, des plombier·ère·s, un candidat, une candidate, des candidat·e·s, etc.
- Et enfin, supprimer la majuscule de prestige à « Homme », et éviter d’utiliser les mots « femme » et « homme » en privilégiant des termes plus génériques comme « humain ». Ex. « Musée de l’humain » au lieu de « Musée de l’Homme ».
Point milieu, point médian qu’est-ce que c’est ?
Un point milieu ou médian c’est un point (ha ha). Mais au lieu d’être placé sur la ligne de base (ligne imaginaire qui passe par la base des caractères), il est placé au-dessus, au niveau de l’axe central des caractères :
- Voici un point : « . »
- Voici un point-milieu : « · »
Comment faire un point-milieu sur PC (·) ?
Alt+0183 (pas évident : je n’ai pas réussi à le faire sur mon portable qui n’a pas de pavé numérique)
Comment faire un point-milieu sur Mac (·) ?
Alt+Maj+F
Écriture inclusive : impact SEO et univers sémantiques
Au niveau de l’accord du genre des fonctions métier, je ne pense pas que cela va changer grand-chose par rapport aux mots seuls. En effet, « un maire » ou « une maire », seul l’article changeant, pas d’impact sur le SEO car l’article étant tellement générique qu’on ne peut mettre un enjeu SEO dessus.
Au niveau des couples de mots, cela pourra avoir un impact plus marqué. Et en tous cas générer certainement plus de suggestions de mots clés lors de l’utilisation d’outils de planification.
Dans le cas des mots où un « e » sera rajouté à la fin, créant ainsi un nouveau mot, dans un premier temps, l’impact ne sera pas majeur (professeure sera considéré comme professeure). En revanche, lorsque de nouveaux mots apparaitront de manières plus fréquentes, ils prendront de l’importance et l’impact pourra se faire sentir. Surtout lorsque le nouveau mot au féminin remportera des scores importants. Je pense donc qu’il ne s’agit que d’une question de temps pour que ces mots s’installent dans notre vocabulaire. Donc pas d’impact à court terme, impact modéré à moyen terme, impact à considérer sur le long terme.
Qu’en est-il pour les mots « composés » contenant des points-milieu ?
A moins que les moteurs de recherche se mettent à l’écriture inclusive, ou du moins, commencent à introduire le caractère typographique du point-milieu dans leur algorithme, il y a fort à parier que ce nouvel usage soit traité comme l’utilisation d’un espace ou d’un tiret. Toutes les nouvelles expressions avec points-milieu ne devraient donc pas avoir d’impact significatif sur le SEO. N’oubliez pas qu’à l’origine, le point milieu entre deux mots fut remplacé par l’espace.
En conclusion, on fait quoi avec l’écriture inclusive, les points-milieu et le SEO ?
Ce que je retiendrais, c’est qu’il va désormais falloir surveiller cette évolution de près.
D’un côté, voir l’évolution de l’impact des expressions contenant des points-milieu, et celui des mots féminisés avec l’ajout d’un « e » à la fin. A court, moyen et long terme afin de confirmer la tendance.
De l’autre, inclure les nouvelles expressions dans votre univers sémantique, surtout si vos contenus sont dans des thématiques purement féminines ou masculines.
Pour aller plus loin sur l’écriture inclusive
- Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/ (même si la saisie de « écriture inclusive » dans le moteur de recherche du site ne donne « aucun résultat » 27/11/2017).
- Écriture inclusive : http://www.ecriture-inclusive.fr/
- Et pour le point milieu (ou médian) : https://www.pointmilieu.fr/
La polémique de l’écriture inclusive
Fin 2017, le débat fait polémique, et tout le monde s’en mêle : les politiques, les académicien·ne·s, etc. Doit-on utiliser l’écriture inclusive ? D’un côté je n’ai pas envie d’ignorer le débat car comme dans toute chose, il y a du bon et du moins bon. En revanche, je resterais prudent et observateur : comme dans toute tentative de réforme, surtout lorsqu’elle concerne des « bonnes pratiques », il y a un buzz et ça fait du bruit. Enfin, c’est plutôt comme un soufflé au fromage, quand il est dans le four il gonfle, et lorsqu’on le sort, il retombe… Alors je recommanderais d’avoir un peu de patience pour y voir plus clair. Avant de définir une stratégie et un plan d’action.
Et vous ? Avez-vous déjà observé des alertes SEO par rapport à l’écriture inclusive dans vos analytics ? Quel serait votre avis sur l’écriture inclusive et le SEO ?
Photo © Glenn Carstens-Peters | Unsplash
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Bonjour, Petit test empirique : sans surprise, « rédacteur·rice » n’est pas suffisamment cherché pour figurer sur Google Trends ou Yooda Insight. Plus étonnant : il génère 170 000 résultats sur Google dont pas mal de « rédacteur/rice », « rédacteur-rice », » rédacteur(rice) » ou même « rédacteur.rice ». mais très peu de « rédacteur » encore moins de « rédactrice ». Contre 12 M de résultats pour la requête « rédacteur », 3 M pour « rédactrice » ! Comme si le moteur identifiait l’intention d’inclusion sous différentes formes mais ne l’associait ni au terme masculin, pourtant souvent employé au sens de neutre, ni au terme féminin.
Oui Muriel, c’est bien ce que j’avais imaginé. Donc patience et observation ! Merci pour le petit test empirique qui vient confirmer tout ça 😉